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Chroniques d’une âme perdue – Tout ou rien

J’ai toujours vécu les choses d’un extrême à l’autre, variant entre le “trop” et le “pas assez”, dans plusieurs bribes de ma vie, sans qu’il existe de juste milieu. Je n’arrive parfois pas à comprendre ou jauger les choses qui traversent ma tête, ni vraiment à les contrôler comme je voudrais. 

Trop souvent, il m’arrive de me lancer dans des projets, avec un enthousiasme intense et une volonté profonde d’arriver à leurs aboutissements. Le lendemain, ces mêmes projets me semblent alors devenir insurmontables et je suis comme figé à l’idée de les affronter, si bien que bon nombre d’entre eux sont alors laissés dans un coin et fanent dans les méandres de l’oubli. Parfois, il m’arrive aussi de simplement les oublier. Aussi, il y a ces fois où il m’arrive de planifier à l’avance de voir telle personne, tel jour, de faire telle tâche, d’aller voir telle exposition ou tel film, et une fois le jour venu, malgré une envie présente lors de ma planification, m’en sentir parfaitement incapable, quitte à reporter ou annuler. 

Il en va de même pour mon humeur. J’estime être plutôt quelqu’un d’optimiste de nature, réfléchi, à chercher le positif de chaque instant. Mais il arrive, souvent sans vraie explication, que je sois tout l’inverse, incapable de briller, voire même d’exister vraiment, jusqu’à avoir cette envie de ne voir personne et d’être seul. De temps en temps, je disparais du jour au lendemain, sans prévenir, ou de manière indirecte. Ces périodes ne durent jamais trop longtemps, mais j’ai très souvent besoin de me retrouver, de faire le vide, pour enclencher de nouveau le moteur de mon existence. J’oscille alors entre des moments de pics de joie intense et des périodes où je pourrais m’enterrer au plus profond des entrailles de la terre. L’entre-deux n’est pas un lieu que je connais. 

Ces problèmes d’instabilité se répercutent aussi dans mes relations amicales. Lorsque je m’attache à quelqu’un, il m’arrive d’y consacrer tout mon être, quitte à parfois m’oublier. Bien que j’ai peu d’amitié vraiment très fortes, j’ai tendance à y consacrer beaucoup d’énergie, parfois trop. J’ai souvent cette envie de tout donner, sans vouloir la moindre chose en retour. J’ai conscience que ce genre de comportement n’est pas forcément commun et que beaucoup de gens voient dans cet altruisme une envie cachée, voire inavouée de réciprocité. Mais c’est souvent plus fort que moi, et j’aurais du mal à expliquer clairement cette quasi-nécessité de faire plaisir. J’ai souvent peur d’étouffer les gens que j’aime en donnant trop d’amour. Alors, avec le temps, j’ai appris à me brider un peu. J’ai cependant en moi, toute une immense jarre remplie d’émotions qui ne demandent qu’à être libérées, et bien que j’essaie de maintenir cette jarre la plus fermée possible, il arrive qu’elle déborde quelques fois, contre mon gré. 

Alors, j‘essaie malgré moi, de jouer à un habile jeu d’équilibre, entre ce que je suis prêt à donner et ce que les gens sont prêts à recevoir, mais j’avoue ne pas être un très bon équilibriste par moments. Parfois, ma seule façon d’agir lorsque que j’estime en avoir trop donné, est alors de ne plus exister, quitte à paraître froid aux yeux de quiconque, voire distant, du moins en apparence. Généralement ça ne dure que quelques temps, le temps que je me recentre. J’ai conscience que mes changements d’humeurs soudains peuvent affecter mes proches, alors j’essaie toujours de les protéger du mieux possible.

Cette oscillation perpétuelle entre tout ou rien, est très contraignante au quotidien. J’ai du mal à prévoir des choses dans le long terme, à aller au bout de projets qui me donnent vraiment envie. J’ai aussi peur de m’attacher aux gens, de donner trop de moi, alors je limite au maximum mes rencontres. J’ai peur du rejet des gens qui m’aiment. J’en arrive même, par exemple, à m’empêcher d’être en couple, avec la peur de faire un jour souffrir toutes éventuelles compagnes de voyages. J’ai du mal à vraiment trouver sur quel pied danser pour ne pas m’écrouler. J’analyse chacun de mes gestes, chacune de mes paroles et de mes interactions, arrivant à ce constat que quoi que je fasse, j’en arrive à faire souvent les mêmes erreurs. De moins en moins, cependant.

J’ai toujours ce souhait que les nœuds de mon cerveau se démêlent un jour et que je puisse y voir clair dans ce nuage embrumé.

En attendant, je cultive l’espoir.

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